Portrait par Thomas Lawrence en 1800

Née le 20 avril 1757  à Langley Park, Beckenham, Kent
Morte le 17 janvier 1837 à Whitehall Gardens, London

Elizabeth Anne Burrell naquit le 20 avril 1757 à Langley Park, Beckenham, Kent. Elle était la dernière fille de Peter Burrell et d’Elizabeth Lewis. Ses parents avaient d’abord eu trois filles : Elizabeth Amelia, Isabella et Frances Julia, puis un fils Peter. La petite Elizabeth Anne vint au bout de dix ans de mariage alors que son père, avocat, venait d’accéder au Parlement en tant que membre de Parlement pour Launceston. La famille vivait à Langley Park mais fréquentait la vie de Londres.

La sœur ainée d’Elizabeth Anne, Elizabeth Amelia Burrell fut la première à se marier, elle épousera le 20 janvier 1766 Richard Henry Bennett, un descendant des baronets Bennett. Ensuite ce fut le tour d’Isabella de faire un beau mariage : elle épouse le 8 juin 1775 Algernon Percy comte de Beverley.

Les deux filles non mariées de Peter Burrell fréquentent la maison de leur sœur devenue comtesse de Beverley, et c’est dans l’une de leurs soirées que Elizabeth Anne Burrell va rencontrer l’homme de sa vie : il a un an de plus qu’elle, et se nomme Douglas Hamilton, il s’agit du 8^ème duc d’Hamilton. Il est le fils cadet James Douglas Hamilton 6^ème duc de Hamilton et de son épouse Elizabeth Gunning (voir sa bio) et il a hérité du titre après la mort de son frère ainé James George 7^ème duc de Hamilton (mort en 1769 d’un refroidissement après une chasse) à l’âge de treize ans.

Douglas Hamilton 8ème duc de Hamilton en 1773

 Le jeune homme cumule aussi d’autres titres : il est duc de Hamilton en Ecosse bien sûr, mais aussi duc de Brandon en Angleterre, duc de Chatellerault en France, marquis de Hamilton, de Clydesdale, de Douglas, comte d’Angus, d’Arran et de Lanark, sans compter ses titres de seigneur (lord) de Macanshire, Polmont, Abernathey.. Bref, c’est un beau parti, il est âgé de vingt deux ans, mais c’est surtout un très beau jeune homme.

Soucieux de préserver son unique héritier, sa mère, Elizabeth Gunning l’a expédié en Europe avec son tuteur John Moore, et ce pendant quatre ans. Il a donc parcouru l’Italie et la France et n’est revenu que depuis quelques mois d’Europe lorsqu’il rencontre la jeune et jolie Elizabeth Anne Burrell. C’est le coup de foudre réciproque et malgré l’objection de sa mère, Elizabeth Gunning, le 8^ème duc de Hamilton se marie le 5 avril 1778 avec Frances Anne Burrell. Il a vingt deux ans, la mariée en a vingt et un an.

Douglas Hamilton 8ème duc de Hamilton, son précepteur John Moore et le fils de ce dernier (en 1776)

 La duchesse douairière de Hamilton ne cache pas son amertume en décrivant ainsi sa bru : « la fille d’un gentleman, aussi accomplie soit elle, n’a pas l’aptitude requise pour s’allier aux Hamilton ».

Quant au jeune duc, son précepteur, John Moore l’avait décrit ainsi : « le duc a beaucoup de qualités, il a un pouvoir de compréhension des choses et des gens qui me surprend assez souvent, mais il a une faiblesse extrême : il adore le paraitre et il désire s’accaparer tout objet nouveau, objet qu’il rejette aussitôt dès qu’il en a pris possession….. il est d’un tempérament accommodant, cependant il ne supporte pas la contradiction, et il est sujet à de violentes crises de passion tout en étant incapable de malice ou de sentiment de vengeance…le duc est d’excellente compagnie : il est poli, modeste et d’esprit judicieux lorsqu’il est parmi ses pairs, par contre mis en contact avec des gens de classe inférieure il peut se montrer arrogant, capricieux et sur de lui-même….

Elizabeth Anne Burrell duchesse de Hamilton en 1778

Très vite, le jeune couple commande son portrait au célèbre peintre de l’époque, Joshua Reynolds qui peint le couple (elle à cheval, lui à ses côtés) en ayant soin de montrer la tendresse évidente de la jeune femme qui tient le col de son époux dans sa main gantée. L’original de ce tableau a été détruit malheureusement et on en conserve plus qu’une copie.

La jeune duchesse de Hamilton va consacrer son temps entre l’Ecosse et Londres. Un an après son mariage, la duchesse de Hamilton assiste au mariage de sa dernière sœur non mariée : Frances Julia, qui épouse le 23 mai 1779 Hugh Percy duc de Northumberland qui vient tout juste de divorcer de sa première épouse, à cause de l’adultère de cette dernière. Hugh Percy n’est pas un inconnu pour la famille Burrell puisqu’il est le frère d’ Algernon Percy qui a épousé Isabella Burrell : ainsi les deux frères ont épousé les deux sœurs.

Elizabeth Anne Burrell duchesse de Hamilton et le 8ème duc, son époux par Joshua Reynolds en 1779 (tableau détruit en 1988)

La vie du couple Hamilton aurait pu s’écouler paisiblement sans la guerre permanente que la jeune duchesse endure de la part de sa belle mère. Cette dernière lui reproche de n’avoir toujours pas donné d’héritier à son fils le 8^ème duc. En effet, après dix ans de mariage le couple est toujours sans enfants.

Pour se distraire, le duc s’est découvert une passion pour la boxe, il adore aussi entretenir des cochers et les inviter à ses repas. C’est aussi l’un des plus bels hommes de son époque, et il ne sait pas dire non aux conquêtes qui se présentent à lui : c’est ainsi qu’il devient l’amant régulier de Frances Twysden, comtesse de Eglinton en 1786, de six ans sa cadette. Cette dernière est mariée avec un homme de trente huit ans son ainé qu’elle n’aime pas, et lorsqu’elle accouche d’une fille, Susanna, en 1788, elle confie à son amant que cette fille est de lui.

Frances Twysden, comtesse de Egleton par George Romney

Cette naissance va faire exploser les deux couples : le comte de Eglinton demande le divorce en 1788, (et l’obtient) et le duc de Hamilton ne peut s’empêcher de penser que le problème de stérilité de son couple ne vient probablement pas de lui. Quant à Elizabeth Anne, elle n’est pas dupe et apprend très vite la liaison de son mari avec la jeune divorcée. Elle est convaincue que la stérilité provient de son fait et elle sait que son mari se doit de produire un héritier pour pouvoir transmettre son titre.

Sa belle mère est morte depuis quatre ans mais la jeune duchesse de Hamilton est plus que jamais convaincue de son inaptitude, c’est ainsi que pour libérer son mari d’un mariage stérile elle demande le divorce en 1794. D’autant que le duc de Hamilton (ayant rompu avec Frances Twysen après huit ans de relation) s’est mis en ménage avec une actrice la jeune Harriet Pye Bennett en novembre 1793.

Elizabeth Gunning duchesse de Hamilton en 1760 par Allan Ramsay (belle mère d’Elizabeth Anne Burrell)

Il a emmené cette dernière à Hamilton et à Arran à la vue de tous, y compris de ses serviteurs. Quant à la duchesse de Hamilton, elle avait quitté l’Ecosse en 1792 et avait demandé le divorce en avançant l’adultère de son époux (non pas avec la comtesse d’Egleton) mais avec une jeune actrice londonienne.

Leur divorce sera relaté ainsi : « Procédure engagée par Sa Grace Elizabeth Anne Burrell duchesse de Hamilton et de Brandon contre Douglas duc de Hamilton et Brandon, procédure faite à l’amiable et avec l’accord des deux partis qui se sont concertés auparavant : ils se sont mariés en 1778 et son adultère (à lui) a débuté en 1787. «

Le divorce fut prononcé en 1794, et deux ans plus tard, la jeune actrice mettait au monde la petite Anne, née de sa liaison avec le duc de Hamilton.

Douglas Hamilton 8ème duc de Hamilton par Henry Raeburn en 1795

Sûr de pouvoir enfanter, le duc se mit donc à la recherche de sa nouvelle épouse capable de lui donner son héritier.

Malheureusement, sa vie dissipée et sa santé fragile allaient le mener au tombeau en août 1799, à l’âge de quarante trois ans. Il rendit son dernier soupir à Hamilton Palace en Ecosse.  A l’annonce de sa mort, Elizabeth Anne Burrell portera son deuil pendant un an. Elle avait trouvé refuge à Londres près de sa sœur la duchesse de Northumberland, Frances Julia (dont la fertilité ne fut jamais discutée car elle donnera neuf enfants à son époux).

Harriet Pye Bennett, actrice, maitresse du 8ème duc de Hamilton

A quarante trois ans, la duchesse de Hamilton était toujours aussi belle et fréquentait les salons, mais son statut de femme divorcée lui fermait de nombreuses portes.

Elle ne songeait pas à se remarier d’autant que sa stérilité (et son âge) ne pouvait pas lui permettre de trouver un deuxième mari.

 C’est là où elle se trompait.

Le hasard mit sur son chemin un homme rudement traité par la vie : Henry Cecil 1^er marquis d’Exeter. Cet homme qui avait trois ans de plus qu’Elizabeth Anne trainait une vie sentimentale des plus extravagantes, du moins pour ses contemporains.

Isabella Burrell, comtesse de Beverley (soeur de Elizabeth Anne Burrell duchesse de Hamilton)

Lui aussi avait durement souffert de l’infidélité de sa première épouse Emma Vernon, une riche héritière, qui s’était enfuie avec le curé de leur paroisse de campagne, quinze ans après leur mariage. Dévasté par la fuite de sa femme, Henry Cecil avait demandé le divorce puis avait quitté sa terre de Hanbury pour s’exiler, incognito dans un petit village du Shropshire. Là, sous le nom de John Jones, il avait entamé une vie de gentilhomme modeste jusqu’à ce qu’il tombe amoureux de la plus jolie fille du village, une adolescente de seize ans nommée Sarah Hoggins.

Henry Cecil, 1er marquis d’Exeter par Henry Bone, 2ème époux de Elizabeth Anne Burrell

Il l’avait épousé (il était alors bigame n’ayant pas encore reçu l’acte de son divorce) et un an après, en 1791, après avoir enfin reçu les papiers de son divorce, avait pu se remarier avec Sarah tout en dévoilant sa nouvelle identité.

Stupeur des villageois d’autant que deux ans plus tard, Henry Cecil héritait de son oncle le titre de marquis d’Exeter. Il avait alors emmené femme et enfants (nés après la deuxième cérémonie de mariage, donc légitimes) à Burghley House, résidence de son oncle. Hélas, après quelques années de bonheur, sa deuxième épouse devait mourir à l’âge de vingt trois ans surnommée affectueusement par tous la « Comtesse du Cottage » (« Cottage Countess »).

Elizabeth Anne Burrell, marquise d’Exeter par Thomas Lawrence en 1800.

C’est ainsi que veuf depuis trois ans, le marquis d’Exeter, âgé de quarante six ans rencontra dans un salon Elizabeth Anne Burrell duchesse de Hamilton âgée de quarante quatre ans.

L’attirance fut immédiate et la jeune divorcée accepta de devenir marquise d’Exeter en épousant le 19 aout 1800 Henry Cecil.

La jeune femme sachant qu’elle n’aurait jamais d’enfants devint aussi la deuxième maman des enfants orphelins du marquis d’Exeter : Sophia, Brownlow et Thomas.  Après la cérémonie, le couple partit vivre à Burghley House. Hélas, leur bonheur ne devait durer que quatre ans, Henry Cecil devant mourir à l’âge de cinquante ans le 1^er mai 1804.

Burghley House

 Ne pouvant rester à Burghley House, la marquise d’Exeter résida à Londres à Whitehall Gardens restant en contact avec ses trois sœurs. La première à partir fut Isabella comtesse de Beverley, elle mourut à Londres le 24 janvier 1812 ayant donné cinq enfants à son époux. Les deux autres sœurs Burrell, Elizabeth Amelia et Frances Julia, vinrent vivre avec la marquise d’Exeter à la mort respective de leurs époux : Elizabeth Amelia avait perdu son époux Richard Bennett en 1814, et Frances Julia perdit le duc de Northumberland en 1817.

Henry Cecil 1er marquis d’Exeter en 1803 par Henry Bone

C’est ainsi qu’en 1819 les trois sœurs Burrell vivaient à Whitehall Gardens à Londres : Elizabeth Amelia et Frances Julia moururent toutes deux en 1820 et la marquise d’Exeter devait leur survivre jusqu’en 1837.

C’est cette année là que mourut Elizabeth Anne Burrell, duchesse de Hamilton, marquise d’Exeter en janvier 1837 à l’âge de soixante dix neuf ans.

Elle n’avait donné aucune postérité à chacun de ses deux époux. Le titre de duc de Hamilton passa à un fils du 5^ème duc de Hamilton (le 5^ème duc était le grand père du 8^ème duc) : Archibald, qui devint le 9^ème duc de Hamilton.

Hamilton Palace (détruit en 1921)

Ne reste du premier amour d’Elizabeth Anne Burrell qu’une copie d’un superbe tableau de Reynolds dévoilant au monde entier l’amour inconditionnel et sincère de deux jeunes gens persuadés que l’avenir leur appartenait.