Portrait par Nathaniel Dance en 1777

Née à Covent Garden, Londres, en 1742
Assassinée à Covent Garden, Londres le 7 avril 1779
Enterrée le 14 avril 1779 au cimetière d’Elstree, Hertsmere, Hertfordshire

Martha Ray naquit en 1742 à Londres dans le quartier de Covent Garden. Son père était un artisan qui créait des corsets pour femmes et tenait une boutique à Londres, et sa mère était une servante qui louait ses services dans les familles nobles anglaises.

La jeune Martha était une beauté et très tôt fit preuve de beaucoup de bon sens. De plus, elle était dotée d’une voix superbe qui ravissait les clients de son père lorsqu’ils venaient acheter des tissus dans la boutique de ce dernier. L’année de ses dix sept ans (en 1759), Martha vit entrer dans la boutique de son père l’un des hommes les plus riches d’Angleterre : John Montagu, 4^ème comte de Sandwich, alors âgé de quarante deux ans.

Homme politique très influent (il avait été Chef de l’Amirauté dix ans auparavant et allait encore le devenir à deux reprises), il était un diplomate très apprécié du roi Georges III, et avait représenté l’Angleterre aux conférences de Bréda en 1746.

John Montagu 4ème comte de Sandwich par Joseph Highmore en 1740

Orphelin de père à l’âge de quatre ans, il avait perdu de vue sa mère, Elizabeth Popham, lors du remariage de celle-ci avec lord Francis Seymour. Il avait pris le titre de comte de Sandwich à la mort de son grand père (le 3^ème comte) en 1729 (en effet, son père, Edward Montagu ne portait que le titre de vicomte Hinchingbrooke).

Il avait fait son grand tour de l’Europe lors de sa jeunesse en allant jusqu’en Grèce, en Turquie et en Egypte. A son retour en Angleterre, en 1744, le comte de Sandwich avait intégré un poste dans l’Amirauté britannique sous le patronage de John Russell, 4^ème duc de Bedford. En 1751, il avait quitté son poste de Chef de l’Amirauté et s’était retiré sur ses terres en compagnie de son épouse Dorothy Fane qu’il avait épousé en 1740 et qui lui avait donné quatre enfants.

Fanny Murray, courtisane et maitresse du 4ème comte de Sandwich

Malheureusement, cette dernière avait basculé dans la folie et vivait en recluse sur les terres du comte de Sandwich. Il s’était séparé de sa femme en 1754, et avait entamé une liaison soutenue avec la courtisane Fanny Murray, avant de prendre pour maitresse une certaine Jane Sumner qui venait de lui donner une fille naturelle nommée Louisa.

La légende veut que le comte de Sandwich soit entré dans la boutique du père de Martha Ray pour acheter un corset pour sa jeune maitresse. Mais à la vue de la belle Martha, le comte de Sandwich tomba immédiatement amoureux de cette dernière. Il semble que Martha soit aussi tombée sous le charme du comte de Sandwich, et elle accepta de le suivre pour devenir sa maitresse à l’âge de dix sept ans. Celui que l’on appelait alors « le comte insatiable » à cause de ses nombreuses liaisons féminines allait curieusement devenir fidèle à cette jeune fille.

Le 4ème comte de Sandwich (« le comte insatiable »)

Dès lors, le couple vécut comme mari et femme. Le comte de Sandwich acheta une résidence pour Martha Ray dans le quartier de Westminster, et lui attribua une pension généreuse mensuelle. Il lui fit donner aussi une éducation soutenue : Martha eut droit à des cours de chant et le comte l’autorisa à se lancer dans une carrière de chanteuse, notamment dans les opéras comiques. A la ville, le comte et Martha apparaissaient comme un couple uni, la femme légitime, la comtesse de Sandwich étant définitivement reléguée à la campagne, à Hinchingbrooke House dans le comté de Huntingdon (Cambridgeshire). En 1767, les médecins la déclarèrent « aliénée ».

L’histoire d’amour de Martha Ray et du comte de Sandwich durera dix neuf ans pendant lesquels Martha donnera naissance à neuf enfants dont cinq seulement parvinrent à l’âge adulte : Robert, Augusta, Basil, William et John. Le comte de Sandwich légitimera tous ses enfants.

Hinchingbrooke House, Huntingdon, Cambridgeshire

La beauté de Martha continuait à lui attirer nombre de prétendants et certains se proposaient même de l’épouser, mais Martha refusait les propositions de mariage. Le plus insistant de ses admirateurs était un certain James Hackman, un soldat du 68^ème régiment d’infanterie que le comte de Sandwich avait présenté à Martha à Londres en 1775.

En 1779, Hackman avait quitté l’armée britannique pour devenir prêtre et avait obtenu le poste de recteur de la paroisse de Wiveton dans le Norfolk. A partir de cette époque, Hackman était devenu obsédé par Martha Ray. Ses visites dans sa maison de Westminster se traduisaient immanquablement par une proposition de mariage que Martha rejetait systématiquement, soit parce qu’elle savait qu’un mariage avec Hackman ne pourrait pas lui apporter le support financier de lord Sandwich, soit parce qu’elle souhaitait demeurer fidèle au père de ses enfants. De plus, Hackman avait six ans de moins qu’elle.

Martha Ray, par Nathaniel Dance en 1777

Toujours est il que le drame n’allait pas tarder à se nouer : le 7 avril 1779, Martha Ray quitta sa résidence londonienne avec une amie chanteuse, Caterina Galli, pour assister à une représentation d’un opéra comique « Love in a Village » à Covent Garden.

A la fin de la représentation, au moment où Martha s’apprêtait à monter dans son carrosse, Hackman surgit de nulle part, sortit un pistolet et tira sur Martha qui reçut une balle en plein front. La jeune femme mourut sur le coup. Le meurtrier sortit alors un autre pistolet de ses poches et se tira une balle dans la tête, se blessant légèrement aux sourcils. Un attroupement s’étant constitué, Hackman fut arrêté et emprisonné. Un des proches de Martha partit annoncer la nouvelle au comte de Sandwich, qui fut dévasté par la nouvelle de la mort de sa compagne.

James Hackman, le meurtrier de Martha Ray

Le corps de la jeune femme fut ramené dans son domicile à Westminster et le comte de Sandwich demanda à ce qu’elle soit enterrée dans les vêtements qu’elle portait lors de son meurtre. Elle fut enterrée à Elstree le 14 avril 1779.

Deux jours plus tard, les juges condamnèrent à mort James Hackman qui avait survécu à sa blessure (mais qui avait tout de même plaidé non coupable et avait déclaré avoir agi sous une forme de « passion incontrolable »). Il fut emmené le lendemain à la potence de Tyburn et fut pendu devant une foule immense.

La nouvelle de l’assassinat de la maitresse du comte de Sandwich provoqua un mini scandale dans l’opinion publique qui découvrit ainsi la vie privée du Chef de l’Amirauté. L’opinion publique réclama un peu de décence, et le comte de Sandwich se retira de la vie politique en 1782. Il partit vivre à Hinchinbrooke House au milieu de ses livres et de sa musique.

La potence de Tyburn

Le comte de Sandwich devait survivre à Martha pendant treize ans. Il mourut le 30 avril 1792, laissant à la postérité son nom à notre sandwich moderne qu’il avait créé : deux pièces de bœufs enserrées dans deux tranches de pain, qu’il dégustait à son bureau de l’Amirauté lorsqu’il avait trop d’affaires à gérer, et qu’il était débordé, ou bien lorsqu’il était à une table de jeu et qu’il ne souhaitait pas quitter celui-ci pour aller manger.

C’est lui aussi qui sera le supporter de l’explorateur James Cook qui donnera le nom de son bienfaiteur aux Iles Sandwichs près d’Hawai. Il ne devait pas se remarier, sa femme, la comtesse folle, devant décéder après lui, en 1797, à l’âge de quatre vingt ans.

Les iles Sandwich (Océan Pacifique)

Le fils légitime du comte de Sandwich releva le titre et devint le 5^ème comte de Sandwich.

 

Sources :

• Wikipedia
• National biography.

 

Descendants de Martha Ray

Jusqu’aux petits-enfants.

Martha Ray, née en 1742, assassinée le 7 avril 1779 (à l’âge de 37 ans), singer.
Relation en 1760 avec John Montagu, Earl of Sandwich (4e), né le 4 novembre 1718, décédé le 30 avril 1792 (à l’âge de 73 ans), first lord of the Admiralty, Northern secretary, postmaster general, secretary of State, dont

• Robert, né le 22 février 1763, London, baptisé le 22 février 1763, Saint Martin in the Fields, London, décédé en 1830 (à l’âge de 67 ans), admiral.
• Augusta, née en 1769, Londres, décédée le 13 février 1849, Chambéry (73) (à l’âge de 80 ans).
  Mariée, Londres, avec Henry, comte de Viry, né le 25 juillet 1766, Londres, décédé le 15 janvier 1820, Tours (37) (à l’âge de 53 ans), écuyer du roi Georges VI, dont
  • Elisabeth, née le 16 septembre 1790, décédée le 15 décembre 1858, Turin, Italie (à l’âge de 68 ans).
    Mariée le 21 avril 1811, Saint Peter Church Street, Liverpool, avec John Bond.
    Mariée le 18 juillet 1835, chapelle de l’Ambassade britannique, Paris, avec Francis Beauman, né le 1er décembre 1781, Shelsley Beauchamp, Worcester.
  • Georges, comte de Viry, né le 21 février 1792, Brompton, Hampshire, baptisé le 28 mars 1793, Saint Mary St Marylebone Road, London, décédé le 9 septembre 1844, Viry (Haute-Savoie) (à l’âge de 52 ans).
    Marié en 1815, en Angleterre, avec Emily Frederika Lock, née en 1796, décédée le 20 septembre 1822 (à l’âge de 26 ans).
    Marié, Nice (Alpes-Maritimes), avec Delphine Spitalieri de Cessole, née en 1806, décédée en 1851 (à l’âge de 45 ans).
  • Alexandre, né le 8 avril 1797, baptisé le 11 juin 1797, Saint George, Douglas, Isle of Man, décédé le 17 décembre 1848 (à l’âge de 51 ans), officier.
    Marié le 28 août 1827 avec Aglaë d’Auberjon de Murinais, décédée le 11 novembre 1834.
    Marié le 10 décembre 1835 avec Mathilde de Chevron-Villette, décédée en septembre 1836.
    Marié en 1837 avec Gabrielle de Pina de Saint-Didier, née en 1808, décédée.
  • Caroline, née le 20 mars 1801, baptisée le 17 avril 1801, Saint George, Douglas, Isle of Man, décédée le 31 octobre 1887, Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) (à l’âge de 86 ans).
  • Laure, née le 11 octobre 1802, baptisée le 18 octobre 1802, Saint Mathews, Douglas, Isle of Man, décédée le 14 mai 1883 (à l’âge de 80 ans).
    Mariée en 1831 avec Charles Louis de Ville, comte de Ville de Ferrières, né le 15 mai 1791, Annecy, décédé en 1860 (à l’âge de 69 ans), major de cavalerie.
    Mariée en 1863 avec Patrice Marie Jacques de Feu, décédé en 1870.
  • Anna, née le 7 novembre 1803, baptisée le 9 novembre 1803, Onchan, Isle of Man, décédée en 1855 (à l’âge de 52 ans), religieuse de la Visitation.
  • William, né le 21 juillet 1805, baptisé le 22 juillet 1805, Saint Mathews, Douglas, Isle of Man, décédé le 6 mars 1846, Turin, Italie (à l’âge de 40 ans), officier.
    Marié le 22 octobre 1840, Londres, avec Emily Montagu, décédée le 11 octobre 1861, Turin, Italie.
  • Charles Joseph Hippolyte, né le 28 mai 1809, Malew, Isle of Man, baptisé le 29 mai 1809, Malew, Isle of Man, décédé le 29 janvier 1888, Chambery, France (à l’âge de 78 ans).
    Marié le 6 septembre 1839 avec Rose Jenny Piochet de Salins, née en 1807, décédée le 25 août 1842 (à l’âge de 35 ans).
• Basil, né le 24 avril 1770, décédé le 27 novembre 1851, inhumé, Saint Omer, Normandie (à l’âge de 81 ans), british jurist, barrister, writer and philanthropist.
  Marié avec Caroline Mathilda Want, née le 26 septembre 1768, London, dont
  • Basil.

Marié le 6 septembre 1801, Glasgow, Scotland, avec Laura Rush, décédée en 1806, dont

• • Algernon, né le 25 août 1802, Wimbledon, Surrey, décédé en 1880 (à l’âge de 78 ans), attorney general of Van Diemen’s Land (Australia).
    Marié en 1832 avec Maria Adams.
    Marié avec ? ?.
  • Alfred Otter, décédé en 1849, en mer.
    Marié le 13 avril 1825, Westminster, London, avec Eliza Anna Maria Canty.
  • William Frederic, né le 27 juillet 1806, Wimbledon, Surrey.

Marié en 1808 avec Ann Dorothea Benson, dont

• • Emily, décédée le 11 octobre 1861, Turin, Italie.
    Mariée le 22 octobre 1840, Londres, avec William de Viry, né le 21 juillet 1805, baptisé le 22 juillet 1805, Saint Mathews, Douglas, Isle of Man, décédé le 6 mars 1846, Turin, Italie (à l’âge de 40 ans), officier.
    Mariée avec Adrien Thaon di Revel, né en 1813, décédé le 31 juillet 1854, Turin, Italie (à l’âge de 41 ans).
  • Charles Parr, né le 1er novembre 1816, Hatton, Warwick.
    Marié avec Elisabeth ?.
  • Frederic Carlisle, né le 5 décembre 1821, Bury Saint Edmunds, Suffolk.
• William, né le 18 septembre 1772, London.
• John, né le 23 septembre 1773, London.

Total: 20 personnes (conjoints non compris).